COLLOQUE 4 décembre 2009 Transports en commun : mieux connaître ce qui se passe en Midi-Pyrénées. Et si on faisait encore plus !
Le 4 décembre 2009 s’est tenue à la Chambre Régionale de Commerce et d’industrie de Blagnac, une réunion de l’ORT sur le thème de « Transports en commun : mieux connaître ce qui se passe en Midi-Pyrénées. Et si on faisait encore plus ! »
L’évolution des modes de vie, la complexification des territoires, les passages quotidiens de l’urbain à l’interurbain et parfois la saturation du trafic nécessitent aujourd’hui une nouvelle approche des transports publics.
Dans ce contexte, il est clairement apparu que les différents acteurs de la chaîne de déplacement se doivent de proposer des formules pertinentes permettant d’utiliser divers modes de transport, selon une approche complémentaire.
Cette rencontre au sein de l’ORT a permis de mieux appréhender les stratégies, les techniques et les outils mis en place, mais également d’ouvrir le débats sur les évolutions positives à développer et les pistes intéressantes pour enrichir la diversité des solutions à offrir aux usagers.
Une soixantaine de personnes ont participé à cette réunion (différentes autorités organisatrices, transporteurs et organisations professionnelles, organismes consulaires, services de l’Etat ainsi que des représentants d’association : FNAUT, AGIR, AUAT, ANATEEP invités à y assister …..).
Pour introduire cet évènement, Monsieur Jean Bertin, Président de l’ORT a tenu à saluer l’assistance et plus particulièrement les représentants des collectivités locales et des institutions. Il a également adressé aux intervenants ses chaleureux remerciements pour avoir bien voulu libérer du temps en vue de nous présenter le fruit de leurs réflexions et de leur travail.
Puis il a tenu à indiqué que : « la mobilité organisée est un vaste sujet, très complexe, car il appelle à des solutions différentes selon le lieu où l’on se trouve, milieu urbain ou milieu rural, selon que l’on réside intra-muros ou en couronne toulousaine ou encore à une centaine de kilomètres d’ici. Il y a aussi un distingo à faire entre les trajets domicile/travail et les déplacements épisodiques ou occasionnels. Pour répondre à une demande des usagers, variable dans le temps et l’espace, l’offre de transport se doit d’être plurielle et complémentaire dans le cadre d’une multimodalité coordonnée et minutieusement réglée.
La mobilité nécessite donc une combinaison entre les différents vecteurs de transport en commun, ce qui impose en amont d’élaborer une stratégie intégrant des paramètres variables, ainsi que des scénarios évolutifs entre le souhaitable, le possible et le réalisable. Nous entrons là dans le champ de la prospective. C’est loin d’être facile car nul ne maîtrise l’avenir, ce qui est vrai un jour pouvant être démenti le lendemain. Cela entraîne pour les opérateurs le devoir d’une concertation étroite et d’une réflexion notamment sur les moyens, l’information et la tarification ».
Suivant cette introduction, les exposés présentés au cours de la matinée ont portés sur les sujets suivants :
- Stratégie de mobilité urbaine et développement de l’ intermodalité
- L’information multimodale au coeur des priorités de la Région Midi-Pyrénées
- Stratégie tarifaire : où en est-on?
- Transports collectifs sur voies rapides
- L’intermodalité dans les déplacements quotidiens
Stratégie de mobilité urbaine et développement de l’intermodalité.
Monsieur Stéphane Coppey, Président de Tisséo.
Dans un contexte de développement économique et d’urbanisation en pleine mutation, Tisséo, acteur essentiel du transport dans l’agglomération toulousaine a pour mission de développer une politique de transport urbain cohérente et responsable. Cette démarche se fait en partenariat autour d’un outil : Le Plan de Déplacements Urbains (PDU).
Les enjeux sont ici essentiels et on relève que prendre en charge la circulation, l’aménagement et le développement des transports urbains est complexe. Quoiqu’il en soit l’objectif final est d’assurer pour chaque usager un transport efficace et de qualité, sans oublier, d’allier concrètement, mobilité et respect de l’environnement.
A ce titre, Tisséo est le garant du développement du réseau ainsi que de la logique d’investissement en terme de priorité, de fonctionnalité, d’accessibilité et d’innovations techniques.
Intervention de M. Stéphane Coppey
Dans les échanges intervenus, on retiendra notamment une interrogation formulée par Madame Anne Bellamy de l’association AGIR - « Transport public indépendant  ». Cette dernière pour le transport de demain a souhaité savoir si la notion de « démobilité  » a bien été prise en compte dans le PDU?
Sur ce point Monsieur Stéphane Coppey a indiqué que le sujet du télé-travail n’a pas été envisagé en tant que tel dans le PDU. Par ailleurs, on remarque que les personnes qui ont le plus recours au télé-travail se déplacent beaucoup plus et souvent sur de plus longues distances. Aussi, il n’y a pas d’incidence particulière à relever sur la diminution des déplacements dans la ville.
Monsieur Bruno Lapeyrie du Conseil Régional se demande si face à l’amélioration de l’offre il n’est pas opportun de faire payer à l’usager une part plus importante pour ce service?
Monsieur Stéphane Coppey indique que la France pratique les prix les plus bas pour les transports publics par rapport aux autres pays européens. La contribution de l’usager urbain est en réduction constante et elle représente actuellement 17 % du coût d’investissement et de fonctionnement. Les Autorités Organisatrices des transports assument des choix sociaux. On peut alors se poser la question de savoir s’il revient au budget transports de supporter cette charge?
L’information multimodale au coeur des priorités de la Région Midi-Pyrénées.
Monsieur Bruno Lapeyrie, Directeur des Infrastructures et des Transports au Conseil Régional de Midi-Pyrénées
La Région Midi-Pyrénées en qualité d’autorité organisatrice des transports s’implique particulièrement dans l’accès à l’information multimodale. La qualité de l’information est un élément essentiel de la politique des déplacements.
L’information multimodale vise à donner à l’usager un accès intégré aux différents moyens de transport pour qu’il puisse faire des choix pertinents et pour qu’il puisse utiliser plusieurs modes de transport au cours d’un même déplacement y compris les modes doux.
La Centrale d’Information Multimodale (CIM) a été lancée en Midi-Pyrénées en septembre 2006 . On peut y accéder en se connectant sur le site www.transports.midipyrenees.fr
Aujourd’hui, il est possible de réaliser des recherches d’itinéraires sur la quasi totalité du territoire régional. Pas moins de 21 collectivités de Midi-Pyrénées sont partenaires de ce projet (Les 8 Conseils Généraux, Les Communautés d’Agglomérations du Grand Tarbes, de Castres-Mazamet, du Grand Rodez et de l’Albigeois, La Communauté de Communes de Millau Grands Causses, les SIVU transports Cahors et Pradines et Auch, Duran, Pavie, les Communes de Figeac, Lourdes, Leguevin et Foix et Tisséo SMTC).
Quelques chiffres – La base de données contient :
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- 22 réseaux de transport,
- 473 lignes,
- 7810 points d’arrêts
- 8 modes de transport différents (vélo, marche à pied, voiture, bus, autocar, métro, train, Transport à la demande).
A ce jour les principaux enjeux et difficultés de la Centrale d’Information Multimodale sont d’ordre organisationnels, financiers et techniques.
Les enjeux :
Un service d’information multimodal doit assurer un service de qualité pour être efficace et pérenne.
Il s’agit de :
Fédérer et coordonner les différents partenaires (22 AOT, exploitants…),
Impliquer les partenaires dans le projet, instaurer une relation de suivie,
Définir et contractualiser les modalités d’échange de données,
Créer un référentiel commun et recueillir une masse de données,
Assurer un service de qualité ; le succès de la CIM dépend de la qualité et de la mise à jour des informations mises en ligne. La pérennisation du service et la fidélisation des utilisateurs de ce service en dépendent.
Les difficultés
- Prendre en compte les différentes organisations et institutions : l’information multimodale nécessite la coordination de multiples acteurs : différentes Autorités Organisatrices, exploitants, etc. Les questions portent sur la perte de prérogatives et sur l’organisation de la maîtrise d’ouvrage de l’ensemble.
- Trouver comment répondre aux besoins des utilisateurs qui ont des profils très différents (utilisateurs occasionnels des transports collectifs, utilisateurs réguliers, touristes, Personnes à mobilité réduite, les utilisateurs de mode doux, du vélo…). L’information doit se traduire sous la forme de fonctions/services adaptés et personnalisés. Les industriels doivent développer des solutions qui répondent aux besoins des internautes.
- Tenir compte des aspects juridiques : Il n’existe aucune loi qui oblige aujourd’hui les transporteurs/exploitants à transmettre leurs données (contrairement à d’autres pays comme l’Allemagne par ex). la mise à disposition d’informations pose la question du droit de propriété et de la responsabilité qui y est attachée. Pour les exploitants, les données sont leur propriété et ils souhaitent garder la main sur la diffusion de celles-ci.
- Assumer les coûts : la Région a choisi d’assumer seule les coûts de fonctionnement de ce service soit 300 000 €/an. Les coûts d’investissement, atteignent en 2009, 225 000 € dont 80 000 € pris en charge par l’Union Européenne via les fonds FEDER. Le partage des coûts entre les acteurs concernés étant très difficile à mettre en Å“uvre.
Parmi les réflexions apportées, Monsieur Bernard Farré, Chef du service transports au Conseil Général du Gers indique qu’il est important de donner de l’information. En sa qualité de partenaire, il accompagne cette mise en place par la création d’un numéro vert sur son département.
Il est également fait état de la nécessité d’une inter-opérabilité et d’un support commun pour se déplacer dans le périmètre de la région.
Actuellement il existe un support commun avec la mise en service de la carte pastel autour de Tisséo, du TER et du Conseil Général de la Haute-Garonne. Cette démarche devra être développée avec les autres AOT.
Sur l’aspect affichage du « prix transport  » avec une insertion sur le site, le service est ici difficile à mettre en oeuvre et il n’est pas prévu pour le moment d’apporter un système d’offre complète (recherche-prix-achat).
Sur les évolutions prévisibles, il a été demandé s’il serait possible un jour de voir comme en Grande-Bretagne une inter-opérablité entre les différentes centrales de mobilité qui existent dans les régions françaises?
Sur ce point la réponse apportée fait mention que seule une véritable volonté au niveau de l’Etat pourra permettre ces développements.
Stratégie tarifaire : où en est-on ?
M. Laurent Delrue, Directeur des Transports – Conseil Général de la Haute-Garonne
Les départements, autorités organisatrices de transports réguliers et scolaires, ont toujours pratiqué des politiques tarifaires variées. Soucieux de renforcer l’attractivité de leur réseau interurbain, de faire des transports en commun un mode de déplacement durable, de gommer les discriminations tarifaires pour rétablir l’égalité des citoyens, de plus en plus d’élus optent pour la mise en oeuvre d’un principe tarifaire simple et attractif.
En Haute-Garonne, depuis le 6 juillet 2009, la nouvelle tarification zonale a introduit cette simplification avec la mise en place de 2 zones et l’application d’un tarif unique à 2 €. A ce jour le succès est au rendez-vous !
De même avec l’amélioration de son réseau « Arc-en Ciel  » et la création de sa ligne express « Hop !  » (entre Villemur et Toulouse-Borderouge), le Conseil Général connaît un vif succès.
Le concept de la ligne actuelle « Hop ! » devrait se poursuivre avec la mise en service de 11 nouvelles destinations afin de répondre aux nouveaux besoins des habitants de Haute-Garonne, notamment en ce qui concerne les déplacements domicile-travail.
On relèvera ici une question posée sur la complémentarité entre les modes de transport « bus- automobiles  » et la création de parcs relais.
C’est effectivement une préoccupation du Conseil Général qui regarde les stations relais pour les points d’arrêt en ville desservis par le « label Hop ! ».C’’est également un problème intégré dans les réflexions menées pour les points proches des autoroutes et du périphérique.
Transports collectifs sur voies rapides.
Mme Florence Saint-Paul, Chef du Département Déplacements Aménagement de Toulouse DDAT – CETE du Sud-Ouest Centre d’études techniques de l’équipement
Cette création de lignes de bus express sur voie rapide pose un ensemble de réflexions liées à la réglementation, aux types d’aménagement spéciaux, aux véhicules habilités à circuler, à des retours d’expériences françaises ou étrangères qui montrent qu’il existe des solutions
Localement, ce projet vise à relier à l’aide des VRU toulousaines, les principaux pôles d’échange existants et futurs de l’agglomération à des fréquences et des temps de parcours attractifs et garantis.
Actuellement, une réflexion est engagée dans le cadre d’un comité de pilotage qui réunit l’Etat (DDEA, DIRSO,DREAL) ASF, Tisséo, Grand Toulouse, Conseil Général.
Le CETE du Sud-Ouest est ici dans une démarche d’assistance technique à maître d’ouvrage en collaboration avec le CERTU.
Intervention de Mme Florence Saint-Paul
A l’issue de cet exposé des questions ont été posées à destination des gestionnaires du réseau toulousain afin de connaître le type de travaux à venir : Utilisation des bandes d’arrêt d’urgence? Mise en place de voies dédiées? S’oriente t-on vers des aménagements légers ou lourds?
Il ressort des réponses apportées qu’il parait nécessaire d’avoir une approche globale et à ce jour les premières réflexions sont en cours sur des axes identifiés comme les plus pertinents. L’étude pourrait démarrer en début d’année 2010.
L’intermodalité dans les déplacements quotidiens.
M. Alain Berthoumieu, Représentant Régional FNAUT
Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports
Association de consommateurs agréée, la FNAUT conseille et défend les usagers de tous les modes de transport et les représente auprès des pouvoirs publics et des entreprises de transport. Dans ce rôle, ses représentants sont présents en Midi-Pyrénées pour faire valoir des revendications dans un esprit constructif .
Conclusion :
Monsieur Philippe Grammont
Pour clôturer cette rencontre Monsieur Philippe Grammont, Adjoint au DREAL Midi-Pyrénées a relevé à partir des exposés présentés des progressions importantes sur l’interopérabilité et les évolutions de l’offre. Il a tenu tout particulièrement à indiquer que nous sommes avec ces questions au coeur du Grenelle de l’environnement face à un avenir qui nous amène à faire toujours plus pour les transports en commun.
On peut également relever que ces sujets ont suscités des débats qui ont permis de percevoir les avancées mais aussi les difficultés ou incertitudes rencontrées en particulier sur des questions de financement.
L’Observatoire Régional des Transports de Midi-Pyrénées remercie tous les participants qui ont permis d’animer et d’enrichir cette rencontre.